mercredi 17 décembre 2008

Solitude humoristique

Une fois n'est pas coutume, je ne billette (pinisme) pas sur un sujet aillant trait à l'informatique. Non, si je me présente aujourd'hui devant vous, c'est le coeur lourd d'un constat attristant : c'est dur d'être drôle. Non que je ne sois convaincu d'être drôle (je suis mondialement connu pour mon humour ravageur), ce qui est dur c'est d'être drôle avec le péquin moyen, celui qui n'a ni les réfèrences du bon goût, ni la culture nécessaire à l'appréciation du processus cognitif inhérent à la compréhension d'un trait d'humour (qui tel la flèche de Guillaume Tell file vers la pomme cérébrale qui surplombe le couillon).

Prenez par exemple les deux minutes du peuple, ce chef d'oeuvre d'un génie de l'humour, avec ces différents niveaux d'humour que l'on débloque à force d'écoutes, avec ces calembours magnifiques, sources de l'addiction. Même des années plus tard, même après les avoir écouté en long, en large, en reverse et en québécois, j'affiche toujours le même sourire à 360° entrecoupé de petits éclats de rire (mais pas trop longs, sinon ça fait rater le calembour suivant). Pourtant, et alors que je suis un orateur hors-pair de ce met raffiné, pas moyen de n'arracher ne serait-ce qu'une petite courbette au coin des lèvres des méconnaisseurs ! Combien de fois ai-je essayé de convaincre ma famille, panel représentatif malgré elle, que "mais si, c'est drôle". Question de référentiel, puisqu'il me suffit de faire un clin d'oeil à chap en disant "héhé, Jacques Cartier" pour lui extorquer un petit "hin hin", tout en expiration (seuls les vrais dépositaires de l'humour authentique saisiront l'allusion).

Plus récemment, j'ai réitéré une tentative avec les Chuck Norris Facts, ces petits aphorismes sur l'acteur éponyme. Bien que meilleurs dans la langue de Shakespeare, ils n'en restent pas moins d'excellente facture, une fois traduits convenablement (i.e. pas par shenshei). J'ai donc tenté, un soir de week-end en famille de faire rire mon auditoire en dévisant que "Chuck Norris connait la dernière décimale de Pi" et que "Chuck Norris peut diviser par zéro". Je passe outre les réactions des béotiens de l'humour qui composent ma famille, mais j'étais en droit d'espérer mieux qu'un vague regard vide de mon aïeul paternel niveau -1, pourtant habitué aux mathématiques depuis plus de 40 ans de bons et loyaux services à l'Education Nationale (heureusement qu'il n'y a pas de matière "Humour" au bac, sinon bonjour le massacre).
"La montagne est lente, mais le boeuf est patient", me dis-je à moi-même.
Pas découragé pour autant (l'habitude, sans doute), je retente dans un registre plus commun. "Les enfants portent des pyjamas Superman. Superman porte des pyjamas Chuck Norris". Non content du bide provoqué, j'ai presque dû expliquer la façon de comprendre la blague (Mon dieu, qu'il est dur d'être moi ! Heureusement que je suis le seul dans ce cas).

Je ne finirais pas en essayant de vous convaincre du bien fondé de ma démarche humoristique, car comme le disait récemment (environ 1h20) l'un des rares, en dehors de moi, à partager l'humour, le seul, le vrai (© cercle des humoreux blasés) :

Heureusement qu'il y'a un public dans nos têtes, car le génie est seul.


Je vous laisse méditer.
En espérant avoir étanché la soif des lecteurs, face au vide abyssal de la ligne éditoriale,

pini


PS:
Un jour, Chuck Norris a balancé un coup de pied circulaire tellement fort à un type que son pied à dépasser la vitesse de la lumière, est revenu dans le temps, et a fait giclé Jésus hors de son tombeau (et pourtant, c'était un vélociraptor).

*wink*

4 commentaires:

chap a dit…

merci d'avoir comblé le vide de mon cerveau pourtant si sensible aux beautés des CNF et 2 minutes.
et un gros big up pour notre public mental

Mumu a dit…

Mouais mouais, c'est un peu de l'auto branlette mentale tout ça ... on aurait pu croire du chap

Anonyme a dit…

Comme je te comprends. J'ai expérimenté la même chose chez moi, mais il doit y avoir un blocage quelque part. M'en fous, Chuck Norris, les 2 minutes du peuple et les espaces de Banach me font toujours autant marrer :)

pini a dit…

mumu: ouais, mais tu peux pas comprendre, toi t'as pas d'humour :)