samedi 11 octobre 2008

je le garde pour plus tard

Tel Socrate à l'ombre des portiques, entouré de jeunes éphèbes (ça fait un peu helléniste et les garçons), jouons à nous poser des problèmes. A la différence de Socrate, je ne suis pas une grosse feignasse et j'écris ce que je pense au moins, même si ça vaut pas son pesant de cigüe.

Soit une quantité de garniture Q<2q pour faire des sandwichs, où q est la quantité de garniture requise pour un sandwich standard.
Pour maximiser la satisfaction, vaut il mieux faire 2 petits sandwichs de taille Q/2, ou bien un gros sandwich de taille Q ?


Hello,

Rappelez-vous quand on était gamins, à l'heure du goûter, on était face à l'incontournable dilemme du pain-chocolat. Un bout de pain, 4 carrés de chocolat : que fait on ? Est ce qu'on met le chocolat dans le pain ? Est ce qu'on mange d'abord le chocolat, puis le pain ? D'abord le pain, puis le chocolat ?

On entretient des rapports assez complexes vis à vis du plaisir, et l'exemple ci-dessus fournit les 3 archétypes :
  • Le jouisseur, qui va prendre tout ce qui passe, peu importe les conséquences (se taper le pain sec ensuite, et vite, pendant que le goût du chocolat est encore là)
  • Le modéré qui ménagera la chèvre et le chou (et évite ainsi la décision douloureuse)
  • Le besogneux, qui endurera la partie relou pour se vautrer dans la délectation du devoir accompli


Ce genre de dilemme peut se transposer dans quasiment toutes les situations "carotte-bâton", mais pour que ça marche bien, il faut une situation un peu mieux définie que l'exemple pain-chocolat. Parce que bon, le pain c'est pas mauvais quand même, et donc ça fausse un peu le problème.

Non, non, il faut quelque chose qui renforce le côté chiant (le bâton) pour que vraiment le dilemme apparaisse dans toute sa splendeur.
Et là je vous le donne en mille, le meilleur exemple c'est les endives au jambon (gratinées + bechamelle), parce que là, ces saloperies de chicons amers pourrissent bien le côté sympa du jambon-crème-gratin.

[parenthèse un brin personelle]
Ca marche aussi avec tous les gratins pourris, et tous les moyens perraves pour accommoder les légumes qui craignent; les exemples abondent : gratins de courgettes ou de chou fleur, ratatouille, choux de bruxelles lardons, petit salé aux lentilles etc...

Genre, en ajoutant un peu de fromage chaud sur des courgettes on va se dire "Oh chouette de la pizza verte sans pâte! " ? Faut arrèter le délire des fois.
Surtout que sur moi ça marche pas, j'arrive pas à me dire que ça va faire passer la pillule. Sauf à blinder le truc de sel et de gruyère supplémentaire (et perdant automatiquement l'intérèt des légumes).

Donc dans ces cas là, je suis plutôt du troisième profil, à savoir m'enfiler le plus vite possible le truc chiant, boire un verre d'eau, et attaquer sereinement la partie carotte cool. C'est assez optimiste de ma part, puisque ça suppose d'avoir foi en l'avenir et en des jours meilleurs . Qui me dit que mon gratin ne risque pas de se désintégrer me laissant le ventre plein de chicon ? (en gros : le problème est il markovien ? hein les 2 MR PRIM là au fond qui se touchent)

Quand je n'ai pas le malheur de me retrouver confronté aux courgettes, et que la vie me pose un dilemme de ce genre, je suis plutôt jouisseur, et j'ai tendance a repousser à plus tard les parties chiantes jusqu'à ce que je me retrouve au pied du mur, obligé d'en mettre un bon coup (l'état de ma caverne en témoigne quotidiennement). Tel l'étudiant pendant un projet, je bâcle ce truc qui m'énerve en me murant dans le souvenir de la partie cool pour adoucir le boulot.

Seule l'expérience peut déterminer quelle stratégie adopter pour que ce soit pas trop chiant à terme. C'est pourquoi voici le conseil du jour, à afficher au dessus de son lit : si la partie carotte est vraiment cool, vas-y fonce on a qu'une vie hein ? Laisse au toi du futur le soin de régler la partie bâton.
Si la partie bâton est vraiment reloue, tombe lui sur le paletot, massacre la, c'est pas des courgettes qui vont te faire trembler d'effroi quand même...

J'entends déjà la foule bruisser de remarques futiles du genre "Oui, mais si la partie carotte est exactement aussi cool que la partie bâton est reloue ? Comment que je fais d'abord ? "
Mathématiquement c'est vrai, en posant coolitude = - (reloudness), on peut avoir une égalité.
Mais en réalité, posez vous bien la question, ce genre d'égalité n'est pas possible, il y aura toujours une des deux parties qui l'emportera en valeur absolue, à cause de vos goûts, de votre passé, du contexte etc...

Je suis d'accord que ça ne vous sera pas d'un grand secours dans la vie, mais pensez y de temps en temps, it could save your life.

Billet un peu en demi teinte, bien loin de ma fulgurance d'amour pour titine, mais je vous explique, valde était sensé cette semaine faire un super billet sur "Pourquoi Heroes c'est trop de la gnognotte de looser croupissant dans un marais d'airconnitude", donc j'avais pas d'idée ni rien. Gageons que la semaine prochaine verra fleurir un nouveau post d'un nouveau contributeur sur ce carrefour d'influences (néfastes) que constitue ce blog

10 commentaires:

Kourai a dit…

et au final, un Q ou deux Q/2???

non paske c'est ca qui nous interresse! :P

pini a dit…

légumes-on-fire !

Anonyme a dit…

Tain mais arrête de me foutre la pression :)

De toute façon j'aime bien les endives au jambon

chap a dit…

@ kourai: Je dirais Q moi si je suis seul, 2Q/2 si je suis accompagné ;-)

@ valde: je t'ai déjà trouvé le titre !

Apparemment les rédacteurs de blogs qui ont beaucoup de commentaire utilisent le @ pour les réponses différenciées. Alors moi aussi y a pas de raison, même si le public est assez restreint ;-)

Cel a dit…

Moi je dis que tu es trop difficile. Pis manger des légumes à la place de la viande réduit la production de méthane dûe aux bovins : c'est donc plus écologique! CQFD

chap a dit…

justement on les tue pour les manger donc on réduit l'émission aussi.
Je précise qu'il y a des légumes que j'adore, comme la côte de boeuf, les frites et le saucisson

pini a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
pini a dit…

oui mais non, le temps qu'ils prennent de l'âge, ils produisent du CH4 qui ne serait pas rejeté dans l'atmosphère en l'absence d'existence des-dits bovins.
Ton argument est donc spécieux.

Unknown a dit…

"Un bout de pain, 4 carrés de chocolat : que fait on ? Est ce qu'on met le chocolat dans le pain ? Est ce qu'on mange d'abord le chocolat, puis le pain ? D'abord le pain, puis le chocolat ?"

Moi c'était par altérnance: un morceau de pain, un morceau de chocolat etc.. ^^

Unknown a dit…

"et j'ai tendance a repousser à plus tard les parties chiantes jusqu'à ce que je me retrouve au pied du mur,"

Tu parles de ton futur cancer? Fumer c'est mal, voyeeeez...

*ceci est un message du groupe activiste pataclope*

Le problème c'est que tu ne considère pas la dimension temporelle. coolitude et reloudness sont des f(t). Et si coolitude a un léger avantage a court et moyen un terme, il y a une forte probabilité que reloudness explose à long terme, remettant en cause ton naïf jugement borné à une sliding window d'un an au mieux.